1.1.07

5 décembre 1915 : discussions sur la guerre

Installation. Notre situation ne va pas en s'améliorant. Gouves valait décidément mieux. Il faut éviter qu'aucune lumière puisse être vue du dehors. Défense de sortir du cantonnement autrement que pour le service, de stationner en groupes dans la cour, de crainte des avions. nous sommes, nous a dit le sergent major à 2 km 500 d'un village occupé par les Allemands. Mais on se fait petit à petit à cette idée et dans notre chambrée, chacun s'occupe à sa façon : lecture du journal, écriture de lettres, parties de cartes, installation etc. On entend causer, siffler et chanter comme si on était dans une absolue sécurité. Cela vaut mieux que de se désoler. Seulement, le nombre d'hommes réunis augmentant, les réflexions sont plus nombreuses et combien témoignent d'un mauvais esprit. La lassitude, l'ennui s'expliquent mais pourquoi récriminer ? Pourquoi accuser nos chefs, dire des officiers que la guerre ne les gène pas, qu'elle peut durer puisqu'ils gagnent beaucoup d'argent ? Pourquoi accuser on ou ces bandits de chercher à faire tuer le plus de monde possible ? J'ai entendu un soldat du 89e territorial dire qu'il ne réclamait qu'une chose, son renvoi, qu'il lui était bien égal que les Allemands gardent l'Alsace lorraine, tous les départements occupés par eux, qu'ils prennent Paris, et que cela lui était égal devenir Prussien. Il est vrai qu'il avait les yeux d'un moitié fou. Un autre (du 38e) disait que si nous voulions la guerre serait vite finie. Le moyen ? partir tous chacun chez nous, et disait-il, les Boches en feraient autant. Pauvres raisonnements pauvres hommes.

Libellés : , , ,